Les technologies n’arrêteront décidément pas d’évoluer. En particulier, celles utilisées dans la fintech. Bitcoin et autres crypto-monnaies étaient sur toutes les lèvres ces derniers mois. Au-delà de l’aspect spéculatif, les cryptomonnaies reposent sur une technologie, la blockchain, qui pourrait véritablement révolutionner le commerce et de nombreuses autres industries. Plus une révolution de confiance qu’une révolution technologique, ce phénomène n’épargnera aucun pays. Mohamed Ali Belajouza, co-fondateur de Sqoin, explique cette technologie et revient sur les réalisations de sa startup. Focus.
La blockchain est avant tout une technologie. Elle permet le stockage et la transmission d’informations d’une nouvelle façon. Aujourd’hui, on associe encore souvent la Blockchain à l’architecture informatique du Bitcoin, ou des crypto-monnaies en général, mais c’est bien plus que cela. Elle permet d’adresser une multitude de cas d’utilisation avec une nouvelle approche et promet de transformer beaucoup de secteurs économiques.
Littéralement, c’est une chaîne de blocs, l’information étant le “bloc” et la base de données étant la chaîne qui relie tous ces blocs. La nature décentralisée, entre autres propriétés, rend cette technologie unique. “Nous pouvons considérer la blockchain comme un système de registre dans lequel les acteurs communiquent et collaborent les uns avec les autres pour accéder à des informations et les stocker” explique Mohamed Ali Belajouza, Co-fondateur de Sqoin.
L’une des caractéristiques qui font la blockchain est la décentralisation, il n’y a donc pas de données à un endroit précis. Et d’ajouter que: “Vous lirez souvent ‘sans organe central de contrôle’. Les données sont stockées dans des ordinateurs ou des systèmes sur tout le réseau. Ces systèmes ou ordinateurs sont appelés nœuds. Chacun des nœuds a une copie des transactions de toute la blockchain”.
Niveau sécurité, la blockchain sort l’artillerie lourde. Il y a différents mécanismes qui assurent cette sécurité “by design”. D’abord, les techniques cryptographiques avancées sécurisent l’ensemble des systèmes. Ensuite, puisque les données sont immutables et que la confiance est informatique, via des mécanismes de consensus, le piratage et l’altération d’une blockchain devient un projet quasi-impossible, du moins très compliqué.
“De manière très subjective, il n’y a que des avantages d’avoir une technologie qui fait autant de promesses. La blockchain à une place de choix dans les évolutions futures de l’informatique et du web” ajoute le co-fondateur de Sqoin.
La blockchain présente plusieurs avantages. Notamment, la désintermédiation, la sécurité, l’intégrité, la traçabilité et la transparence des données. Pour les désavantages, ils ne sont que temporaires. “On peut citer la consommation d’énergie de certaines blockchains comme Bitcoin, les clefs privés et surtout, un vide en termes de règlements, de régulation dans encore beaucoup d’endroits du monde” explique-t-il.
Quid de la Tunisie ?
Les choses bougent en Tunisie, mais pas suffisamment selon Belajouza. “La demande mondiale est en train d’exploser et je pense que nous ne sommes pas en train de suivre. Dans l’écosystème nous faisons tous des efforts, pour prendre le maximum de stagiaires, faire des conférences, des workshops et autres webinars. L’un d’entre nous à même ouvert un média spécialisé” indique l’expert.
“Niveau Startups, beaucoup utilisent la technologie je suis sûr qu’on va voir une grande évolution, d’autant plus que même la Banque Centrale s’y intéresse. Toute la première cohorte de la Sandbox Réglementaires de la BCT utilise la Blockchain. Nous avons été sélectionnés dans une initiative conjointe avec Coïnsence et je peux attester qu’il y a beaucoup d’intérêt et d’aide de leur part. J’ai beaucoup d’espoir pour l’adoption technologique dans un futur proche, et espère qu’on ne ratera pas encore ce train”.
Sqoin… L’une des premières en Tunisie
Sqoin est une startup tunisienne se spécialisant dans la blockchain et les cryptomonnaies, le fruit d’une convergence d’efforts et d’énergie de Mohamed Ali Belajouza et de Bacem Bergaoui. “J’ai rencontré mon associé lors d’un bootcamp, et à cette époque, je ne connaissais que quelques notions et quelques cryptomonnaies. Mon associé, Bacem Bergaoui, lui, avait développé le premier projet de Cryptomonnaie en Afrique et tout de suite, j’ai été mordu par cette technologie et par ce qu’elle avait à offrir” se rappelle-t-il.
Et d’être reconnaissant envers les partenaires de qualité qui les ont aidés à monter en compétences et en expérience. “Aujourd’hui nous travaillons sur des projets extraordinaires, notamment dans l’impact social, et je suis aussi impliqué dans les opérations de Coinsence dont je suis Country Manager et dont Sqoin est tech provider”.
La blockchain a le vent en poupe ces derniers temps et a fait beaucoup de bruit en ce moment car les nouvelles applications de la technologie sont hyper médiatisées. Pour ce qui est des projets qui réussissent, de nouveaux protocoles Blockchain sont en train d’émerger: plus rapides, plus écologiques et plus faciles à implémenter. “Il existe aussi beaucoup de projets Fintechs qui sont à base de Blockchain notamment tout le nouvel univers de la DeFi, la Finance décentralisé” a martelé Belajouza.
Le domaine de la santé voit, également, beaucoup de beaux projets qui fleurissent, notamment dans l’exploitation de la donnée médicale et la connexion de systèmes hétérogènes ou encore des projets qui combinent l’IA et la blockchain, ce qui est un mélange explosif. “Mais moi je dirai que c’est plus la technologie qui réussit que le type de projet. Voici des marques qui aujourd’hui utilisent la blockchain: VISA, IBM, Microsoft, Boeing, Shell, LVMH et j’en passe” assène-t-il.
“Nous estimons que nous sommes en train de travailler sur des sujets très porteurs, et que nous avons trouvé notre identité dans ce que nous faisons. Moi je porte un projet qui s’appelle WeSharish, c’est un système de transaction pour les ONG leur permettant de mieux livrer et suivre les valeurs données à leurs bénéficiaires. Ces valeurs peuvent être de l’argent, de la nourriture, des soins de santé ou encore de l’éducation” soutien-t-il. Quant à son associé, Bacem, Co-Founder de Sqoin, est Lead sur un projet de Decentralised Finance et tous les autres projets menés par la startup.
Que ce soit Mohamed Ali Belajouza, Bacem Bergaoui ou toute autre personne de l’écosystème, tous militent ardemment pour que la Tunisie ne rate pas l’opportunité qu’offre la blockchain, malgré les nombreux obstacles qui existent.
En effet, la légèreté à travers laquelle cette question est abordée a malheureusement fait la Une des médias les dernières semaines. D’un côté, la Banque Centrale de Tunisie, organe officiel de l’Etat, reconnait la blockchain et créé une Sandbox pour développer une telle technologie, et de l’autre des lois archaïques qui jettent en prison de jeunes tunisiens utilisant les cryptomonnaies.
Pas plus tard que la semaine dernière, une levée de bouclier a eu lieu dans la communauté tech en Tunisie, puisque un jeune tunisien de 17 ans a été arrêté, pour avoir utilisé de la cryptomonnaie dans le cadre d’une activité en ligne.
En effet, la cryptomonnaie, n’étant régie par aucune loi en Tunisie, le jeune adolescent s’est retrouvé accusé de blanchiment d’argent sur la base de la règlementation de change datant de 1976!
Une preuve que le combat sera encore long pour la jeunesse tunisienne.