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Les réseaux sociaux ont-ils un impact psychologique sur leurs utilisateurs?

À l’heure actuelle, il y a plus de 80% de jeunes âgés de 18-29 ans qui utilisent les réseaux sociaux, à l’instar de Facebook, Twitter ou Instagram.

Le temps cumulé sur les réseaux représenterait 5 ans et 4 mois dans l’entièreté d’une vie, contre 7 ans et 8 mois pour la télévision. L’omniprésence des réseaux dans nos vies incitera notamment à la montée de la cybercriminalité (avec par exemple le vol de données ou le piratage d’identité), et du cyber-harcèlement qui s’est démocratisé, bien au delà des cours de lycée. Cela nous mène à nous demander; qu’en est-il alors des implications des réseaux sociaux sur nos vies, et surtout sur notre santé mentale?

Depuis les années 1970 et la multiplication des chaines de télévisions et de radios, on observe le “mean world syndrome” (syndrome du monde méchant), l’idée que le monde est plus dangereux que ce qu’il n’est en réalité à cause de l’exposition excessive à la violence dans les télévisions. De nos jours, l’avènement des réseaux sociaux a causé le début du syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) dans les années 2000, qui signifie la peur de rater quelque chose, la peur de passer à coté d’un événement, d’une publication, etc.

Concrètement, cela nous pousse à regarder notre téléphone constamment, pour savoir ce qu’il se passe autour de nous. Cela résulte d’un sentiment d’avoir raté quelque chose, avoir raté une interaction, l’opportunité d’exprimer de l’empathie, de l’envie, de la colère, etc..  Le FOMO est aussi défini par d’autre peurs tels que la peur de perdre l’opportunité de devenir populaire, la peur de rater une information importante, la peur d’être exclu de certains groupes sociaux dû au manque d’engagement, la peur d’inciter des réactions negatives, etc..

Au delà de cela, les interactions virtuelles ont pris le pas sur les interactions naturelles de la vie quotidienne, comme montrent les tendances globales. L’omniprésence des réseaux et du sentiment du FOMO nous pousse par exemple à checker nos telephones même en présence de nos proches, et à une comparaison excessive avec nos connaissances sur les réseaux, ce qui entraine des problèmes d’acceptation de soi, de sa situation sociale, etc..

De nombreux phénomènes sont apparu en psychologie avec la démocratisation des réseaux sociaux. La “Facebook Depression” est un nouveau phénomène qui a été identifié par des psychologues américains, et qui désigne la depression développée par les adolescents et pre-adolescents qui passent tellement de temps sur les réseaux sociaux qu’ils commencent à montrer des symptômes dépressifs suite à l’intensité des messages haineux sur Internet. Ce qui crée ce sentiment, d’après les psychologues, c’est surtout le paradoxe selon lequel les adolescents ne tendent qu’à montrer leurs meilleures qualités et attributs sur les réseaux, en essayant à tout prix de cacher leurs failles et défauts. L’on observe rapidement ce phénomène lorsque les adolescents ont tendance à comparer le nombre de likes, commentaires, partages sur les publications de leurs amis, créant des rapports de force entre des personnes qui sont pourtant égales, et proches dans la vraie vie.

Les réseaux sociaux offrent inexorablement une plateforme pour l’expression personnelle, pour construire un réseau, une communauté et échanger des informations qui sont de valeur pour les utilisateurs, à un certain prix. Ils ont exacerbé les sentiments d’anxiété, de depression et le manque de sommeil.

Une expérience imaginée par des neuro-scientifiques en 2014 a démontré que Facebook touche la même partie impulsive du cerveau que l’abus de substances illicites et l’addiction aux jeux. Tout ça est crée par l’illusion que les réseaux sociaux donnent d’avoir construit plus de capital social, de popularité, d’engagements, laissant les interactions de la vraie vie être considérés comme moindres ou moins valables dans certains cas.

En 1991, Scott Field, professeur de sociologie de l’Université de Purdue a publié un papier académique sous le titre “Why Your Friends Have More Friends Than You Do” (“Pourquoi vos amis ont plus d’amis que vous”). Le but de ce papier était d’élucider les relations amicales et le réseautage amical dans les années 1980 (non pas les relations virtuelles, pourtant le parallèle entre sa recherche et les réseaux sociaux est assez frappant.

Scott Field parle du “paradoxe de l’amitié”, qui se base sur un simple exemple:

La figure de gauche montre un réseau social parfaitement constitué, avec des relations égalitaires entre chaque personnes; chaque personne (représentée par le cercle bleu) a deux amis.

Dans la deuxième figure, une amitié est née entre une nouvelle paire (deux cercles bleus), ce qui crée un déséquilibre. Une personne X (représentée par le cercle noir) a deux amis, mais ses autres amis (cercle bleu) ont en moyenne 3 amis. Donc, la personne X (cercle noir) a moins d’amis que ses amis. Ce schéma crée un sentiment de peur, d’isolation sociale, un sentiment d’être moins connecté que ses amis.

En moyenne, la majorité des personnes sont moins connectées socialement que leurs amis. Les réseaux dans la vie réelle sont donc inévitablement non-égalitaires et varient d’une personne à l’autre, et les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter apparaissent comme une alternative à cette isolation sociale, cette possibilité de se créer plus d’amis instantanément, de créer plus de liens à travers Internet.

Ce paradoxe de l’amitié est propice à un sentiment de malheur, et pourtant est présent de manière inévitable sur Instagram par exemple, où il devient possible de capitaliser sur son nombre de followers, ou sur le nombre de personne qui “likent” et repartagent vos photos. C’est donc ce sentiment d’avoir “moins d’amis”, moins de connaissances, qui poussent les utilisateurs à en chercher plus dans la vie virtuelle.

Plus récemment, Kevin Roose, journaliste du New York Times a écrit sur l’impact du digital dans des temps de crise, tels que le confinement à cause de l’épidémie du Covid-19. Il explique que les réseaux sociaux nous poussent au “doomsurfing”, cette habitude de consulter des comptes, sur des posts qui ne font que parler du coronavirus et qui nous poussent à nous sentir agités au point de ne plus dormir, d’avoir du mal à respirer, et qui créent des sentiments d’anxiété.

Le doomsurfing n’est qu’un des exemples qui montre qu’il est dur de se déconnecter des réseaux bien que cela est néfaste pour notre santé car il a été prouvé que nous avons une tendance naturelle à porter plus d’attention aux news négatives.

Le minimalisme digital et la déconnexion: Seules solutions?

De plus en plus, le minimalisme digital est préconisé. Il désigne le fait de minimiser l’utilisation des objets électroniques, afin de les consulter pour les simples nécessités ou pour une certaine plage horaire. La nouvelle mise a jour de l’iPhone offre la possibilité de limiter son temps d’écran par application ou simplement d’arrêter l’utilisation du téléphone pendant quelques heures, par exemple avant de dormir.

Cette fonctionnalité a connu beaucoup de succès auprès des millenials qui ont montré l’envie de faire des “digital breaks”. Récemment, Google a aussi promu ce genre de fonctionnalités en mettant en place le Google Digital Wellbeing qui permet aux utilisateurs d’être plus conscients du nombre d’heures passées sur leur écrans, ainsi que la possibilité de réguler plus strictement les notifications et les moments sans réseaux sociaux.

Encore faut-il avoir la determination et la discipline de se détacher des réseaux sociaux, afin de profiter de ces différentes alternatives.

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