Avez-vous déjà entendu parler de la Low-Tech?
Ce concept, qui se veut l’opposé de la High-Tech a vu le jour dans les années 1960 comme un mouvement critique de celle-ci. Ceux qui ont développé cette pensée, comme par exemple l’économiste Ernst Friedrich Schumacher ou le militant écologiste Murray Bookchin, pensent que les hautes technologies sont néfastes écologiquement car polluantes.
Dans ses écrits, Ernst Schumacher estime que la course effrénée aux hautes technologies, qui ne cherche selon lui que le profit nuit grandement à l’environnement et à la société. Il y évoque notamment l’obsolescence programmée, l’usage non maitrisé de substances rares, la grande production de déchets et la grande consommation d’énergie.
A partir de là , se développe l’idée de la Low-Tech, une “basse technologie” ou “technologie douce” soucieuse de ces problématiques qui voit de nombreux scientifiques de pencher sur le sujet dans les années 1970. Mais très vite, ce mouvement restera marginal à cause notamment d’une forte pression des lobbies de l’époque.
Mais face aux maux de la société actuelle -crise environnementale, accroissement des inégalités, crises financières…-  le concept de la Low-Tech revient en force.
A la fin des années 2000, plusieurs scientifiques ont recommencé à étudier ce sujet pour le mettre au goût du jour, comme l’a par exemple fait l’ingénieur Philippe Bihouix qui préconise l’usage de la Low-Tech pour mettre fin à l’épuisement des ressources naturelles. C’est le cas également de Kris De Decker, blogueur néerlandais de renommée internationale qui ne cesse depuis de promouvoir via son site web “Low-tech Magazine” le recours à des technologies plus douces car “Low-tech Magazine refuse le fait que derrière chaque problème, il existe une solution High-Tech”.
Enfin, s’est même développé un “Low-Tech Lab“, un laboratoire regroupant activistes et scientifiques proposant en open-source des solutions Low-Tech.
“La consommation énergétique du Numérique a augmenté de 70% entre 2013 et 2017. D’ici 2020, le Numérique représentera 10% de la consommation électrique mondiale et dépassera le secteur de l’aviation civile en terme d’émissions de CO2 (Clicking Clean / Shift Project)” analyse le laboratoire.
Quelle définition de la Low-Tech?
S’il n’existe pas une définition exacte de la Low-Tech, le “Low-Tech Lab” le définit comme l’ensemble des “technologies, services et savoir-faire” qui répondent à 3 critères.
Le premier d’entre eux est l’utilité. Une technologie inutile ne sert à rien selon les adeptes de la Low-tech et doit pouvoir offrir des solutions à des “besoins essentiels” dans des secteurs spécifiques: l’énergie, l’alimentation, l’eau, la gestion des déchets, les matériaux de construction, l’habitat, les transports, l’hygiène ou la santé.
La Low-Tech doit également être durable, à savoir, “robuste, réparable, recyclable”. Elle doit être pensée “pour que son impact écologique et social soit optimal depuis la production, la distribution, l’usage et jusqu’à la fin de vie”.
Enfin, celle-ci doit être accessible: “à l’inverse des high-tech, son coût et sa complexité technique ne sont pas prohibitifs pour une large tranche de la population” explique le “Low-Tech Lab”.
En allant même plus loin, celui-ci développe un “Low-Tech idéal” et qui consisterai en un concept technologique simple, réutilisable, fabriqué facilement et localement, qui préserve l’environnement, accessible et convivial, à faible coût mais dont l’effet ne serait pas altéré, ni moindre qualitativement qu’un produit High-Tech.


Une approche adoptée dans le cadre de la RSE
L’approche de la Low-Tech repose actuellement en grande partie sur le Do It Yourself (DIY) et sur la force d’une communauté, portée notamment par le “Low-Tech Lab” qui s’agrandit de jours en jours et où la grande majorité des projets sont portés à titre individuels ou communautaires comme dans les actions proposées par le “Low-Tech Lab”.
On retrouve parmi elles, plus de 50 technologies “repérées, testées, documentées et diffusées en open-source”, comme par exemple l’habitat Low-Tech, le système électrique global d’une habitation, la lampe solaire à batteries lithium récupérées, ou encore un ordinateur Low-Tech.
Cette philosophie a inspiré même dans le monde de l’entreprise aujourd’hui, puisque dans une plus large mesure, celles-ci s’y inspirent notamment en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
En effet la RSE se veut, comme le Low-Tech, avoir un fort impact social et environnemental en poussant notamment à agir local.
Low-Tech Vs High-Tech: Un débat sans fin
Entre les partisans du Low-Tech et ceux de la High-Tech, il sera difficile de trouver un terrain d’entente.
En effet, les défenseurs de Low-Tech sont perçus par ces derniers comme des mouvements non progressistes, vivant dans un passé idéalisé et dont les solutions proposées ne sauraient intégrer un monde mondialisé tel que connu aujourd’hui.
Au contraire, les partisans de la Low-Tech estiment que la High-Tech est parfois très complexe, donc inaccessible et très chère. Ils affirment également qu’avec plus de recherche et développement, la Low-Tech pourrait à terme devenir un secteur économique à part entière, générant de la richesse et des emplois, le tout en respectant la société et l’environnement dans lequel nous vivons.
Et vous alors? Plutôt Low-Tech ou plutôt High-Tech?